Vous avez consulté votre médecin généraliste ou votre gynécologue suite à des fuites urinaires, des envies pressantes qui vous gâchent le quotidien. Une consultation urologique est conseillée et prévue pour affiner le diagnostic.
Voici les examens qui pourraient éventuellement vous êtes prescrits en fonction de vos symptômes.
A noter :
- Devant une incontinence urinaire à l’effort pure, typique, isolée, il n’y a pas besoin de réaliser de bilan urodynamique pour confirmer le diagnostic car celui-ci est clinique.
- Il n’est pas nécessaire de réaliser un bilan urodynamique avant de prescrire une rééducation périnéo-sphinctérienne.
- Le bilan urodynamique est recommandé en cas d’hyperactivité vésicale, d’incontinence mixte et si l’on envisage une chirurgie et ou s’il s’agit d’une récidive d’incontinence urinaire.
- La débitmétrie est indispensable en cas de chirurgie. [2]
LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Sont-ils nécessaires puisque ceux qui s’en passent affichent 90 à 95 % de succès ?
L’amélioration des résultats dépend en grande partie d’une meilleure sélection et un bon examen clinique suffit pour reconnaître qu’une femme perd ses urines quand elle tousse ou qu’elle ne peut les retenir quand elle ressent le besoin.
Les examens radiologiques et urodynamiques vont au-delà de ces entités en analysant les facteurs de l’incontinence. Ils ne remplacent pas mais complètent les données cliniques. [1]
1- EXAMENS RADIOLOGIQUES :
— L’uréthrographie mictionnelle
C’est l’opacification uréthrale obtenue par le cliché permictionnel en fin d’urographie intraveineuse ou après cystographie. [4]
— Le colpocystogramme :
C’est la représentation graphique du petit bassin à partir de radiographies pelviennes, avec opacification de la vessie, du vagin et du rectum, qui explore les rapports de ces structures au repos et lors d’une poussée.
Il permet de poser avec précision les indications opératoires des prolapsus génitaux, surtout récidivés. [4]
2- EXAMENS URODYNAMIQUES :
Contrairement à ce que l’on pense généralement, leur but ne se limite pas à dépister une instabilité latente ou à refuser un diagnostic présumé d’instabilité. Leur intérêt est d’analyser et de quantifier les différents facteurs d’incontinence.
Si des explorations urodynamiques complètent souvent le premier bilan clinique, précisant au mieux le mode de fonctionnement vésicosphinctérien, les stratégies diagnostiques et thérapeutiques ne peuvent se concevoir sans une évaluation clinique préalable permettant de cerner les motifs de consultation et la gêne réelle dont se plaint la patiente consultant pour dysurie, incontinence urinaire ou prolapsus génital.
Ces explorations permettent une évaluation objective du fonctionnement vésico-sphinctérien et une analyse physiopathologique précise des symptômes urinaires. [2]
— Débitmétrie
L’examen débitmétrique permet l’étude objective et quantitative de la miction en appréciant notamment le volume mictionnel, le résidu post-mictionnel (obtenu par sondage) et le débit urinaire maximum (Qmax).
La patiente est invitée à s’asseoir sur le débitmètre et à « produire » une miction spontanée.
Il est nécessaire que la patiente ait un besoin mictionnel spontané pour faire cet examen qui doit avoir lieu en stricte intimité (la miction peut être modifiée par le stress).. [2]
— Cystomanométrie
La cystomanométrie permet l’étude des pressions intravésicales. Après vérification de la vacuité vésicale, on met en place dans la vessie une sonde équipée de capteurs de pression. Les pressions intravésicales sont alors étudiées au cours d’un remplissage progressif de la vessie par du sérum physiologique à une vitesse de 50 mL/min. [2]
Cet examen devient indispensable lorsque l’incontinence à l’effort n’est pas pure et que s’y associent des manifestations » irritatives » de type urgences mictionnelles, pollakiurie, voire fuite par impériosité avec faible délai de sécurité. [3]
— Sphinctérométrie et profilométrie urétrale
Elle permet l’étude des résistances statiques et dynamiques de l’urètre. Cette sphinctérométrie est en pratique une « profilométrie » urétrale qui consiste à mesurer la pression urétrale tout au long de l’urètre par l’intermédiaire d’un cathéter perfusé ou d’un cathéter à ballonnet, retiré progressivement depuis la vessie jusqu’au méat urinaire. [2]
— Vasalva leak point pressure
C’est un nouveau paramètre introduit en 1993 par McGuire qui permet une évaluation globale de la fonction sphinctérienne chez la femme. [2]
L’étude sphinctérométrique (au mieux réalisée au microcapteur électronique), permet elle aussi d’apporter des éléments physiopathologiques et pronostiques : la constatation d’une défaillance sphinctérienne avec effondrement des résistances urétrales et positivité du Vasalva Leak Point, plaide en faveur d’une incompétence sphinctérienne et constitue un marqueur du mauvais pronostic d’une chirurgie de colposuspension. [3]
— Vidéo-urodynamique [2]
La vidéo-urodynamique permet le couplage d’images scopiques (cystographie dynamique et mictionnelle) et de données urodynamiques (cystomanométrie et mictionnelle).
— Electromyographie du sphincter urétral [4]
Enregistrement des potentiels électriques du sphincter strié de l’urétre.
Elle permet l’identification des lésions neurogènes à l’origine de troubles de la continence urinaire.
CONCLUSION
Le but dans la prise en charge d’un patient avec des troubles mictionnels est la préservation de la fonction rénale, la prévention des infections urinaires et la continence.
Ainsi, les examens urodynamiques permettent une meilleure prise en charge thérapeutique et une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques des troubles mictionnels de chaque patient.
L’interprétation correcte d’un examen urodynamique nécessite une bonne connaissance de la physiopathologie et de la neuro-anatomie vésico-sphinctérienne. Un examen urodynamique doit pouvoir décrire avec précision les altérations du réservoir (vessie) et de l’urètre. [5]
Article conseillé en dehors du blog :
- Incontinence d’effort : Le bilan urodynamique est-il toujours utile ? Sur santelog
Merci pour votre passage et excellente journée
Françoise Soros
Sources :
[1] Manuel pratique d’urogynécologie – B. Fatton – G. Amarenco – R. de Tayrac
[2] Urodynamique – Bas appareil urinaire – J. M. Buzelin
[3] Explorations complémentaires de l’incontinence urinaire à l’effort de la femme (G. Amarenco) sur http://pro.gyneweb.fr/
[4] Dictionnaire médical de l’Acamédie de Médecine 2013
[5] Revue Médicale Suisse N° 630 publiée le 28/11/200